L’agroécologie de Pierre Rhabi : les fondements de la permaculture
Le monde abrite aujourd'hui 8 milliards de personnes, et les défis auxquels l'humanité est confrontée pour se nourrir sont colossaux. Le modèle agricole actuel repose sur la logique du productivisme, donc d'épuisement des ressources naturelles. L'agroécologie peut-elle répondre aux enjeux de l'alimentation tout en protégeant les écosystèmes ?
Agroécologie : définition, pilier et principe
Le bilan carbone de l'agriculture est conséquent. En France, c'est la deuxième source d'émission de gaz à effet de serre (GES) après le transport. L'agriculture participe activement au réchauffement climatique avec l'émission de gaz méthane, mais aussi à la déforestation (élevage de bétail). Les exploitations agricoles ont considérablement disparu après les années 1970 et les quelques exploitations restantes se sont considérablement développées et étendues, laissant la place à des modèles d'agriculture intensive.
Quel est le problème avec le modèle agricole intensif ? L’agriculture intensive transforme des terres naturelles pour un usage agricole très souvent de monoculture (cultiver une seule espèce) faisant ainsi disparaître une partie de la biodiversité. Ses impacts ne s’arrêtent pas là, car le terrain est ensuite exploité avec des engrais chimiques (pesticides et engrais azotés), ce qui conduit à une perte de la biodiversité, une pollution et un appauvrissement des sols.
Pierre Rabhi définit l’agroécologie comme :
Une technique inspirée des lois de la nature. Elle considère que la pratique agricole ne doit pas se cantonner à une technique, mais envisager l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie. Elle intègre la dimension de la gestion de l’eau, du reboisement, de la lutte contre l’érosion, de la biodiversité, du réchauffement climatique, du système économique et social, de la relation de l’humain avec son environnement…
Quel est le principe de l'agroécologie ?
L’agroécologie s’appuie sur 14 objectifs du développement durable des Nations Unis (1,2,3,4,5,6,8,10,11,12,13,15,16,17) et repose ainsi sur 3 piliers et 12 principes fondamentaux qui sont représentés ci-dessous :
| Pilier | Principe |
|---|---|
| Économique | Économie collaborative, ferme pérenne au fil du temps, des filières équitables, du producteur au consommateur |
| Écologique | Sobriété énergétique, biodiversité, sols vivants, eau, arbre, faune et flore |
| Social | Souveraineté alimentaire, agriculture paysanne, partage et transmission des compétences |
Pierre Rabhi a ainsi été un pionnier de l'agriculture et de l'alimentation durable… Découvrons son histoire et sa vision de l’agroécologie.
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L’histoire de Pierre Rabhi quant à la pratique de l’agroécologie
Pierre Rabhi est un écrivain, conférencier et agriculteur français d’origine algérienne. Il est le pionner du modèle d’agriculture biologique en France. Il quitte très tôt son emploi dans une banque française pour exploiter une ferme agricole en Ardèche. Il acquiert un grand savoir-faire agronomique et se destine à le transmettre en Europe et Afrique autour de multiples conférences. Il donne alors de nombreuses conférences à travers le monde et publie de nombreux ouvrages dont l’un des plus célèbres : “Vers la sobriété heureuse”.
En 2021, il décède à la suite d'une hémorragie cérébrale. Son altruisme, sa lucidité et son expertise agricole resteront à jamais un exemple pour les générations à venir.
Alors que les ressources de la planète suffiraient à nourrir douze milliards d'êtres humains, la pauvreté dans le monde s’accroît, la nature, considérée comme un bien matériel, est pillée, les écosystèmes se meurent. Le dogme d’une croissance infinie dans un monde fini est dépassé. Il est urgent de changer de paradigme, de reconsidérer le lien qui nous unit à la terre, de valoriser la coopération plutôt que la compétition pour le bien-être de l’humanité dans son ensemble. L’agroécologie le permet. Pierre Rabhi
Après des années d’expérience, l’ONU reconnaît Pierre Rabhi comme expert en sécurité et salubrité alimentaire et se voit engagé pour l'ONU afin de lutter contre la désertification. Du fruit se son travail naîtra plusieurs structures dont :
- Le Mouvement du Colibri qui est une structure qui œuvre au développement d’une société économiquement et socialement plus juste et une sobriété heureuse ;
- Les Amanins qui est un centre éducatif de séjours sur le thème de d’agroécologie ;
- Le fonds de dotation Pierre Rabhi pour soutenir les projets d’agroécologie ;
- Terre et humanisme qui est un centre d’agroécologie qui accompagne les agriculteurs à se former à l’agroécologie.
Quel est le principe de l'agroécologie ?
De nombreuses pratiques existent en agroécologie. Par exemple, le centre d’agroécologie Terre et Humanisme forme ses apprenants sur :
- La permaculture et litière forestière ;
- La sensibilisation et la meilleure connaissance des espèces présentes dans un potager ;
- La polyculture ;
- L’irrigation dans un jardin ;
- La médecine naturelle par les plantes ;
- Le compostage ;
- La meilleure connaissance des plantes bio indicatrices ;
- La fabrication et le soin des plants ;
- La conception d’un éco-lieu, d’une forêt-jardin ou encore d’un jardin partagé pour voir émerger plus d'écoquartiers...
Qu’est-ce que la permaculture ? La permaculture est une forme d’agriculture et un système culturel intégré inspiré des écosystèmes naturels. La permaculture peut être perçue comme une philosophie de vie tandis que l'agroécologie se cantonne à un ensemble de pratiques agricoles.
Pour en savoir plus sur les pratiques d’agroécologie, retrouvez les informations nécessaires sur le site de Terre et Humanisme, organisme de formation depuis 2000 et certifié Qualipopi.
Quels sont les avantages de l'agroécologie ?
L’agroécologie présente de nombreux avantages dont le premier est de préserver l’environnement et la santé des Hommes. Voici un résumé ci-dessous des multiples avantages de l’agroécologie :
| Catégorie | Avantages |
|---|---|
| Protection de la biodiversité | L’agroécologie est une agriculture dite en polyculture. La polyculture permet de réintroduire de la diversité dans l’exploitation agricole tout en créant des synergies positives entre les espèces qui s’autorégulent et agissent en symbiose avec la flore. |
| Économique | La polyculture accroît la résilience d’une exploitation, attire différentes espèces et limite les ravages agricoles. De cette manière, l'agroécologie réduit les pertes agricoles, économiques et augmente la résilience des exploitations en assurant une stabilité économique. Enfin, elle permet de dynamiser l’économie à l’échelle du territoire et garantit la souveraineté alimentaire. |
| Protection de l’Homme | En limitant l’usage de produits phytosanitaires et en pensant la nature comme facteur de production, l’agroécologie réduit la dépendance aux phytosanitaires, qui à long terme dégrade la qualité intrinsèque des sols. Réduire la dépendance aux intrants provoque un “un effet en cascade”, car un sol moins pollué détiendra moins, voire pas d'eaux souterraines polluées, protégeant ainsi la biodiversité environnante et l'Homme. |
| Social | L’agroécologie maintient la sécurité alimentaire, puisqu'elle prend en compte le système agricole dans son ensemble afin de prévenir les épidémies. Les modèles agroécologiques sont avant tout sociaux et solidaires, agissant positivement sur la santé mentale des agriculteurs, fragilisées par le modèle productiviste et compétitif. |
| Protection de l’environnement |
En pensant le terrain agricole dans son ensemble, de manière systémique, l’agroécologie prête une attention particulière aux caractéristiques du sol, bio géochimiques et du cycle de l’eau. Cette technique peut produire une variété d'aliments, et restaure également les sols. Enfin, l’agroécologie participe stock du carbone dans les sols, et résiste mieux aux aléas du changement climatique... |
Quels sont les inconvénients de l'agroécologie ?
La mise en place de modèles agroécologiques implique de passer de modèles intensifs basés sur la rentabilité à des modèles plus matures basés sur les cycles naturels. Quant à ce dernier point, cela conduit à des rendements réduits. En fait, nous produisons actuellement à une vitesse vertigineuse que la nature ne peut pas suivre. L'agroécologie, c'est abandonner ce modèle et accepter de produire moins et d'améliorer la qualité.
A cela s'ajoute le temps nécessaire à la formation. Cette transition est un investissement. Donnez de son temps et des moyens d'assurer une transition plus proche des principes agroécologiques. C'est un pas que certains agriculteurs hésitent à franchir. Mais ceux qui s'accrochent à ces modèles de monoculture intensive doivent d'abord changer les premiers. Mais la question n'est pas si simple.
Comment passer de la monoculture à la polyculture ? Cela signifie qu'il faut repenser à un modèle économique... Mais dès lors qu'on sait que l'agriculture est responsable d'environ 20 % des émissions de GES dans le monde, alors le jeu en vaut la chandelle.
En termes de connaissance, l'agroécologie se développe localement, sur le terrain. Pour autant, de nombreuses connaissances et études scientifiques doivent se développer à ce sujet pour qu'elle soit adaptée à plus grande échelle.
Comment faire de l'agroécologie ?
Se former à l’agroécologie peut se faire de manière autodidacte ou accompagnée. Pour être accompagné(e), de nombreux organismes accompagnent les porteurs de projets agricoles tels que :
- Terre et Humanisme ;
- Terre de liens ;
- Fermes d’avenir ;
- Alternatives agroécologiques et solidaires ;
- Agricultures du vivant ;
- Agroécologie et solidarité…
Les solutions associées à l'agriculture durable sont nombreuses, et face à l'urgence climatique, l'agroécologie s'impose comme une réponse pertinente et cohérente aux défis auxquels est confronté le monde agricole.
Pour calculer et compenser votre empreinte carbone personnelle, accédez à notre calculateur d'émissions en ligne ou appelez le numéro suivant :
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