Rapport spécial du GIEC 2019 : les terres émergées

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Terres émergées

Quels sont les impacts du changement climatique sur l’environnement et comment les atténuer ? Retour sur le rapport spécial du GIEC sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres.

  • Le rapport spécial du GIEC d’août 2019 : résumé des points principaux
  • Les sols sont à la fois source et puits de carbone ;
  • Le développement des activités humaines est la principale cause de la dégradation des sols ;
  • Le changement climatique a déjà affecté la sécurité alimentaire ;
  • Une gestion durable des terres est essentielle à la lutte contre la désertification et la dégradation des sols.

Source : Rapport spécial du GIEC sur "le changement climatique et les terres émergées", publié en août 2019

Le changement climatique et les terres émergées

Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC) a publié, lors de sa 50ᵉ session à Genève en août 2019, un rapport spécial, sans précédent, concernant les terres émergées. Le rapport traite de la désertification des sols, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire...

Le rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées décrit ainsi l’état des sols dans le monde et les impacts du dérèglement climatique sur la qualité intrinsèque des sols.

Qu’est-ce que le GIEC ? Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est un organisme international chargé d’évaluer le changement climatique, ses risques pour l’environnement et les solutions envisageables à mettre en place pour le limiter.

Ce rapport fait suite au rapport du GIEC de 2018 sur un réchauffement planétaire de 1,5 °C et précède le dernier rapport du GIEC de septembre 2019 sur l’océan et la cryosphère, tous consacrés à diminuer l'impact du changement climatique et à soutenir des mesures d'atténuation et d'adaptation au dérèglement climatique.

Changement climatique et dégradation des sols

Le sol joue un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique. En tant que réserve de carbone organique, il influence la composition de l’atmosphère en recyclant les matières organiques. Les sols sont à la fois une source et un puits de gaz à effet de serre (GES), c'est-à-dire qu’il est à la fois émetteur de gaz à effet de serre (GES) lorsque les matières organiques se dégradent, et puits de carbone lorsqu’elles s’y accumulent.

Les sols se sont constitués durant des milliers d'années ! Le sol est une ressource très faiblement renouvelable, autrement dit, il lui faut plusieurs milliers d’années pour se régénérer alors qu’il peut se dégrader très rapidement.

Le développement des activités humaines (agriculture, élargissement des zones urbaines, infrastructures routières, etc.) a particulièrement appauvri et dénaturé, voire pollué les sols. Ainsi, les terres émergées subissent une double pression : celle des activités humaines et celle du réchauffement climatique.

Plus de ¾ de la surface des sols mondiaux est exploitée ! En effet, plus de ¾ de la surface du sol est actuellement exploitée dont un quart de cette surface est déjà considéré comme dégradé. La dégradation des sols réduit, voire détruit leur capacité à produire et peut même mener jusqu’à la désertification

Selon le rapport, depuis la période préindustrielle, la température de l’air à la surface des terres émergées a augmenté près de deux fois plus que la température moyenne mondiale.

Le réchauffement planétaire a entraîné une augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, de la hausse du niveau moyen de la mer, de l’érosion des zones côtières, etc.), accélérant la dégradation des sols partout dans le monde.

La dégradation des sols menace la sécurité alimentaire

Les terres émergées jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement en nourriture, eau douce et en de multiples autres services écosystémiques. Elles participent ainsi au bon fonctionnement et au maintien des écosystèmes naturels, ainsi qu’à la production d’aliments nécessaire pour assurer la survie et le bien-être des Hommes.

Cependant, la dégradation des terres émergées et de leur fonctionnement entraîne déjà une baisse des rendements agricoles de certaines cultures dans de nombreuses régions, dus à la dégradation des sols, de matières organiques et de biodiversité. La pression exercée sur les sols par l'Homme menace ainsi directement la biodiversité, les écosystèmes et les sociétés, menaçant ainsi la sûreté alimentaire. Il y a donc urgence à agir pour préserver les sols.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO, Food and Agriculture Organization, en anglais), la population mondiale atteindra les 10 milliards d’habitants d'ici à 2050 et il sera ainsi nécessaire d’augmenter la production alimentaire d’au moins 70%.

Néanmoins, la trajectoire prévoyant une hausse de la demande en denrées alimentaires exigera une production et un usage intensif des ressources, présentant des risques de pénurie d'eau, de dégradation des terres et d’insécurité alimentaire.

Pour mieux protéger le sol, évitez de manger de la viande. L'élevage nécessite beaucoup d'espace et de ressources en eau pour entretenir un cheptel. De plus, le méthane (CH4), qui est un GES, est 84 fois plus réchauffant que le CO2. Ces dernières années, la consommation de viande en constante augmentation a fait exploser le taux de méthane émis dans l'atmosphère, accélérant le réchauffement climatique. Par conséquent, le GIEC préconise une alimentation végétale ou flexitarienne pour contrer rapidement ce phénomène.

Méthodes de gestion des sols, atténuation du changement climatique et adaptation...

Il est essentiel d'atténuer le changement climatique et de s’y adapter au plus vite. Ne pas agir coûterait en effet plus cher en terme d’impacts sociaux et environnementaux que de mettre en place des mesures immédiates, dès maintenant.

⚠️Les mesures prises maintenant auront un impact pour les milliers d'années à venir, alerte le GIEC.⚠️

Plus on attend, plus il sera difficile de s'adapter aux impacts du changement climatique et pire, moins efficaces seront les mesures d'atténuation du changement climatique prises précédemment. Selon le GIEC, de nombreuses actions peuvent être mises en œuvre telle que :

  • Une production agricole durable, avec moins de produits phytosanitaires ;
  • Une gestion améliorée et durable des forêts (forêt mosaïque) ;
  • La gestion du carbone organique des sols ;
  • La conservation des écosystèmes et la restauration des terres ;
  • La réduction de la déforestation ;
  • La diminution des pertes et du gaspillage alimentaire.

La gestion durable des sols peut en effet contribuer à limiter les impacts négatifs que le changement climatique aurait sur les écosystèmes, la biodiversité et les populations. Cependant, les impacts potentiels du changement climatique sur les terres émergées dépendent non seulement de l’évolution du réchauffement climatique, mais aussi de la façon dont agissent les populations (consommation, production, développement technologique et modes de gestion des terres, etc.) et de leurs capacités d’adaptation.

Par exemple, mettre en place des mesures dans la chaîne de production alimentaire ou de nos habitudes de consommation (régime végétal) peut considérablement contribuer à réduire les émissions de GES. Ce type d'action, à grande échelle, pourrait limiter la température en dessous de 2°C par rapport à la période préindustrielle. Qu'attendons-nous ?