Gazoduc MidCat : un pipeline de l'Espagne à la France

Le MidCat est un projet gazier qui aurait dû relier l'Espagne et la France via un gazoduc souterrain. Les travaux qui avaient commencé en 2012 ont été interrompus pour diverses raisons. Compte tenu de l'ampleur de la crise énergétique actuelle, le sujet de poursuivre le gazoduc a été relancé et un accord a été conclu en 2022. Ce projet serait-il vraiment une solution face à la flambée des prix de l'énergie ?

Qu'est-ce que le MidCat et à quoi sert-il ?

Le projet MidCat fut initié en 2012 et visait à relier les réseaux gaziers français et espagnols afin de mieux desservir l'Europe. Initialement, le projet MidCat aurait permis à l'Europe d'accéder aux installations espagnoles et donc in fine aux gisements algériens via les gazoducs Medgaz et Maghreb-Europe.

Cependant, le projet a été critiqué par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), des associations environnementales et enfin la volonté du gouvernement français à privilégier les interconnexions électriques plutôt que gazières. Le projet MidCat fut ainsi abandonné pendant des années et seul le gazoduc Trans-Pyrénées (à faible capacité) relie actuellement les deux pays.

Avec le conflit entre la Russie et l'Ukraine, le projet refait surface et prend de l'ampleur dans les débats au Parlement européen. Face au refus français de reprendre le MidCat à travers les Pyrénées, l'Espagne et le Portugal se sont alignés dans un nouveau projet appelé "BarMar".

Quelle est la différence entre MidCat et BarMar ?

La France approuve cette nouvelle alternative, car elle a été proposée comme un « corridor énergétique vert » entre la péninsule ibérique et le reste de l'Europe, ce qui réduirait la dépendance aux combustibles fossiles en provenance de Russie. À la différence du MidCat, ce nouveau projet qui, au lieu de traverser les Pyrénées, sera un pipeline sous-marin reliant Barcelone à Marseille. À l'origine, l'infortuné MidCat était destiné à transporter du gaz, mais le BarMar a amélioré son image avec l'objectif de transporter de l'hydrogène renouvelable dans les prochaines années.

Ainsi, le « corridor d'énergie verte » canalisera de l'hydrogène et d'autres gaz renouvelables et du gaz (dans une proportion limitée selon les dires des parties prenantes au projet). En conséquence, le 20 octobre 2022, un accord est conclu entre l'Espagne, la France et le Portugual afin d'opérer à la construction du pipeline à travers la Méditerranée, reliant Barcelone à Marseille. L'accord sera finalisé lors du sommet euro-méditerranéen qui se tiendra en décembre 2022 à Alicante, où seront déterminés les délais de mise en œuvre, le financement et le partage des coûts.

BarMar : le « corridor d'énergie verte »

La principale caractéristique qui a convaincu plusieurs pays de l'UE de le reconnaître le BarMar comme un corridor vert et qui serait techniquement adapté pour transporter d'autres énergies renouvelables, ainsi qu'une proportion limitée de gaz naturel comme source d'énergie temporaire et transitoire.

Les données n'ont pas encore été précisées. D'ici le prochain rendez-vous en décembre 2022, le projet BarMar devrait :

1. Être finalisé en 2030 ;
2. Être financé par des fonds européens.

D'après l'Union Européenne, "la production et la consommation d’énergie représentent plus de 75% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE". Ainsi, l'Europe contribuera à la fois au « perfectionnement du marché européen de l'énergie » et au « renforcement de la transition énergétique dans le cadre du Green Deal », en ouvrant une voie de transport maritime de gaz renouvelable entre Barcelone et Marseille, a annoncé l'Élysée.

Le BarMar est-il une solution durable à la crise énergétique ?

Plusieurs parties prenantes s'opposent à BarMar, notamment les écologistes qui considèrent qu'il s'agit du même projet que MidCat mais avec un nom différent. Comme il ne s'agit pas d'une solution tangible à court terme, elle suscite une grande méfiance. Par conséquent, les écologistes dénoncent le projet pour les raisons suivantes :

• Le pipeline reliera Barcelone à Fos-sur-Mer, un territoire fragilisé par les nombreuses industries en place et où le taux de cancer y est trois fois plus élevé qu'ailleurs en France ;
• L'hydrogène reste compliqué à transporter sur de longues distances ;
• Il ne pourra pas remplacer intégralement le gaz pour des questions de volume, de coût et d'usage ;
• Les trois états indiquent qu'une part limitée de gaz naturel pourra être transportée, de manière temporaire. Cette formulation reste floue et sans aucun garde-fou ;
• Enfin, le pipeline sera construit en mer Méditerranée et pourrait traverser le golfe du Lion, une zone marine protégée. Ce gazoduc représente ainsi une menace pour les fonds de la Méditerranée, la mer la plus polluée au monde.

Toutefois, "cela semble moins pharaonique et fossile que MidCat à première vue. Nous verrons bien" a tweeté Nicolas Goldberg, expert énergie chez Columbus Consulting. Alors, greenwashing ou non selon vous ?

L’hydrogène décarboné : une opportunité de souveraineté et de cohésion européenne selon Euractiv

L'hydrogène a figuré en bonne place dans les discussions au sein de l'Union européenne. Analysons les enjeux de cette nouvelle forme d'énergie afin de comprendre le projet BarMar.

Qu'est-ce que l'hydrogène ? L’hydrogène est un gaz dont les propriétés chimiques offrent un intérêt énergétique majeur. L’hydrogène est considéré comme un vecteur énergétique ; car il offre la possibilité, après avoir été produit, d’être stocké, transporté et utilisé. L’énergie contenue dans l’hydrogène peut être récupérée de deux manières : en le brûlant ou par une pile à combustible, annonce le gouvernement français.

Il présenterait ainsi des avantages :

1. Enjeux environnementaux : Le développement de l'hydrogène décarboné devrait être un vecteur de décarbonation de plusieurs secteurs économiques fortement émetteurs de gaz à effet de serre de l'Union européenne. L'hydrogène présentera ainsi une réelle opportunité pour atténuer les impacts du réchauffement climatique concernant l'usage des transports routiers, ferroviaires ou encore maritimes.
2. Enjeux économiques : L'hydrogène renouvelable pourrait créer des emplois et permettre le développement d'une filière européenne, avec des investissements pour développer des solutions innovantes, vers une voie décarbonée.
3. Enjeux de souveraineté énergétique : avec les enjeux géopolitiques auxquels est confronté l'Europe, l'UE doit impérativement sortir de la dépendance aux énergies fossiles et garantir sa propre souveraineté et sa capacité à produire une énergie décarbonée d'ici 2050 en accord avec le Green Deal.

Cependant, l'hydrogène est aujourd'hui essentiellement produit à partir d'énergies fossiles et n'est donc pas un moyen de production zéro carbone. Même si l'industrie de l'hydrogène a de grandes ambitions, elle doit d'abord répondre à quelques problématiques. La technologie va-t-elle évoluer dans les années à venir pour justifier la création de ce "corridor vert" ?

Les énergies renouvelables : le vrai combat contre la crise énergétique

La France reste encore trop dépendante aux énergies fossiles bien que le nucléaire soit une énergie décabornée. Elle n'exploite pas pleinement son potentiel de production d'énergies renouvelables. Pour tenir ses engagements quant à la Stratégie Nationale Bas Carbone, la France doit accélérer le développement des énergies renouvelables.

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