COP27 à Sharm El Sheikh 2022 : actualités et objectifs

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La Conférence des Parties (COP) rassemble des parties politiques et autres acteurs non étatiques de la société civile (experts, associations, médias) du monde entier. Ce rendez-vous est incontournable et indispensable dans l’ébauche d’une politique climatique, et ce, au niveau mondial. Retour sur le déroulement de cette nouvelle édition de la COP27.

COP : un peu d’histoire…

La COP est l'acronyme de “Conference of Parties”, ou “Conférence des Parties” en français. Il s'agit du Sommet diplomatique et climatique international et fait partie du moteur de la coopération internationale qui a débuté au début des années 1970. La première COP fut organisée en 1995 à Berlin.

Depuis ce jour, il s'agit de l'événement diplomatique le plus important lié à l'environnement et se tient chaque année avec la participation de 196 pays de différents pays du monde. Lorsque d’importantes mesures sont adoptées (sur la base d’un consensus), chaque pays détient une voix.

La prise de décision lors des COP est décriée comme lente et compliquée face à l’urgence climatique. Mais revenons sur les engagements historiques pris lors de la COP :

  1. Lors de la COP3, le protocole de Kyoto est ratifié par tous les pays ;
  2. Lors de la COP21 à Paris concernant l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à +1.5 degrés d’ici 2050 ;
  3. Lors de la COP 27, un accord sera conclu pour créer un fonds lié aux dommages et aux pertes dans les pays vulnérables au climat.

Quel est le rôle de la COP27 ?

En premier lieu, la COP27 a été surnommée "la COP des Afriques". Outre qu’elle se soit déroulée à Sharm El Sheikh, une attention particulière pour cette année sera portée à la vulnérabilité des pays sous-développés tels que l’Afrique aux impacts du changement climatique.

En second lieu, le principal défi de la COP27 sera de faire converger les objectifs de l'Accord de Paris et d'analyser les progrès par rapport aux attentes des différentes délégations et aux négociations qui pourraient être nécessaires pour atteindre les objectifs de la COP21.

Quel est l’objectif de la COP27 ?

Pour se conformer à l'Accord de Paris, les pays doivent prendre des mesures concrètes pour apprendre à atténuer et à s'adapter aux changements du réchauffement climatique d'après le rapport du GIEC.

Mesures d’adaptation au changement climatique

Les défis climatiques obligent les pays à modifier des pans entiers de la société. Mais comment les différents pays comptent s’adapter aux effets du changement climatique ? Voici quelques mesures d’adaptation qui devraient être discutées lors de cette COP27 :

  • Utilisation rationnelle des ressources en eau face aux sécheresses dramatiques en Europe ;
  • Construction de digue face à la montée des eaux avec la vulnérabilité des Pays-Bas, de la Chine, du Bangladesh…;
  • Le choix de culture plus résistante et durable face au changement climatique pour éradiquer la famine en Afrique ;
  • La protection de la forêt en Amazonie pour sa capacité à absorber du CO2 afin d'éviter un point de non retour (c’est-à-dire que la forêt n'émette plus de CO2 qu’elle n’en absorbe).

Mesures d’atténuation du changement climatique

Les effets du changement climatique affectent déjà nos existences. Le changement climatique en France prévoit d'être pire que prévu selon le CNRS. Alors, comment atténuer les effets du changement climatique ? Notre service Climate Consulting conseille les parties prenantes sur les mesures d'adaptation au changement climatique, notamment concernant la réalisation de bilan carbone, d’offres de fournisseurs verts, du développement du photovoltaïque avec notre expertise solaire.

Que retenir de la COP27 ?

Lors de cette COP27, de nombreuses thématiques ont été abordées, parfois plus que d’autres. Parmi ces thématiques, nous vous présentons celles qui ont particulièrement marqué la COP27.

Dommages et pertes

Six ans après l'Accord de Paris, de nombreuses catastrophes climatiques ont impacté la vie de milliers de personnes dans le monde. L'épisode le plus marquant en 2022 a été l'épisode de graves inondations au Pakistan, un pays très vulnérable au changement climatique.

Les inondations au Pakistan en quelques chiffres En juin 2022, 1700 personnes sont décédées (la plupart des femmes et des enfants) au Pakistan à cause des inondations. Plus de 3641 personnes ont été blessées et ce n’est pas moins de 7,9 millions de personnes qui ont dû être déplacées. Environ 372 823 bâtiments ont été détruits pour des dommages matériels estimés à 30 millions de dollars.

Les pays pauvres qui ont peu contribué au changement climatique pâtissent des conséquences induites par le règlement climatique et cherchent ainsi des financements auprès de ces pays pour financer leur transition. Qui paiera les dommages et pertes ? Avec la multiplication des catastrophes climatiques, la notion de dette climatique prend tout son sens pour les pays touchés.

Dette climatique

Le terme de dette climatique est apparu dans les années 1990 et fait référence à la surexploitation des ressources naturelles par les pays riches qui auraient donc accumulé une dette sans pour autant indemniser d’autres pays quant aux conséquences induites.

La promesse de financement de la dette climatique avait été premièrement annoncée lors de la COP9 à Copenhague. Des années plus tard, en 2020, près de 83 milliards de dollars ont été mobilisés, mais jugés insuffisant au regard du montant la dette climatique totale. Lors de la COP26 à Glasgow, l’objectif était de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour financer les pays.

Cette somme sera-t-elle se dessiner une feuille de route ambitieuse pour maintenir ses objectifs dans les prochaines années ? Ce qui est certain, c'est que tout le système financier doit être ajusté.

L’adaptation du système financier

L’adaptation du système financier a été au cœur des débats. Pour orienter l’action climatique, les fonds nécessaires doivent être alloués. De manière générale, c’est tout le système bancaire et financier qui doit profondément changer pour assurer des investissements propres et transparents. Or pour le moment, la majorité des financements dans le monde sont dédiés aux énergies fossiles.

Pour la COP27,Bloomberg Probaility Score attribue les notes suivantes quant aux métriques à atteindre en matière de finance :

  • Le financement des pertes et dommages dédiés : note de 3/10
  • Financer la dette climatique à hauteur de 110 miliards d’euros d’ici 2022 : note de 4/10
  • Accord sur un nouvel objectif de financement : note de 3/10
  • Les mécanismes de marché du carbone : note de 5/10
Pollution de la planète

Lors d’une table ronde entre Emmanuel Macron et des jeunes engagés, le Président a quant à lui indiqué que :

  • Nous devrions changer notre façon de produire de l'énergie (Emmanuel Macron était ainsi fortement opposé au projet MidCat) tout en modifiant les habitudes des consommateurs ;
  • Détenir une meilleure coopération internationale pour plafonner le prix des énergies fossiles ;
  • Accélérer notre indépendance vis-à-vis des énergies fossiles pour éviter l'effet de rente.

Justice climatique

La justice climatique fait référence à la contestation quant à l’irresponsabilité de certains pays à violer des droits fondamentaux (droit en matière de santé, de préservation de la biodiversité, de protection des enfants…).Ces dernières années, les appels à la justice se sont multipliés face à l’inaction climatique.

Le combat climatique applique également une lutte contre les inégalités car nous ne sommes pas tous égaux face aux conséquences du dérèglement climatique. Par exemple, il est légitime de faire entendre la voix d’êtres plus vulnérables au dérèglement climatique (biodiversité, enfants, femmes…).

Pourquoi le thème du genre à la COP27 ? Le rôle des déterminants des femmes dans la lutte contre le dérèglement climatique n’est plus un secret. En revanche, elles sont encore largement sous-représentées dans les organes de discussion et de décision liés aux COP.

Les femmes doivent faire face a de plus grands défis lorsqu’elles doivent s’adapter aux effets du changement climatique. Les pertes et dommages exponentiels causés par les catastrophes climatiques ont des impacts dévastateurs sur les femmes et les filles (scolarité, violence sexuelle et domestique). Elles sont donc plus vulnérables au réchauffement climatique.

Néanmoins, les femmes tout comme les hommes font partie de la solution pour lutter contre le changement climatique. Il est donc urgent de les protéger et de les intégrer dans les corps diplomatiques.

Responsabilité climatique

Le climat est devenu global et partagé. Il enjoint les États de prendre leurs responsabilités pour veiller sur sa température globale moyenne d'après Cairn.

Or, cette responsabilité est inégale sur terre puisque les 20 pays les plus économiquement développés, émettent à eux seuls 80% des émissions de gaz a effet de serre (GES) dans le monde. Autre fait important, l'empreinte carbone individuelle est très inégale d'un pays à un autre. On estime ainsi qu'une empreinte carbone d'un européen est de 11 tonnes quand celle d'un individu en Inde s'élève seulement à 2,5 tonnes. La responsabilité du problème doit donc être mieux partagée entre les pays, leurs citoyens, les entreprises et gouvernements.

Où en sont les pays sur l'application de leurs engagements ?

Nous détaillerons ici que la trajectoire net zéro des pays membres du G20 qui sont en grande partie responsables des émissions de GES dans le monde.

D’après le dernier rapport de l’UNEP “Emissions Gap Report 2022”, voici l'avancée des engagements des pays du G20 quant à leur stratégie de zéro émission de GES d’ici 2050:

Stratégie net zéro émissions du G20
  Objectifs de net zéro atteints Objectifs de net zéro flous ou pour CO2 seulement Objectifs de net zéro non atteints
Argentine   X  
Australie X    
Brésil   X  
Canada X    
Chine   X  
EU 27 X    
Inde   X  
Indonésie   X  
Japon X    
République de Corée X    
Russie   X  
Arabie Saoudite   X  
Afrique du Sud   X  
Mexique     X
Turquie   X  
Royaume-Uni X    
États-Unis X    

Il est essentiel que les pays du G20 montrent l'exemple, car ils représentent 80 % des émissions mondiales (Source : Nations-Unis).

La COP27 nous sauvera-t-elle d'un monde à +1,5 degré ?

L’organisation des COP est de plus en plus décriée par les organisations environnementales et le public. Bien que d’importantes décisions soient prises lors de ce sommet, les moyens et résultats restent beaucoup plus modestes et discrets. La COP27 a également fortement été jugée par le fait que :

  • Le nombre de lobbyistes présents à la COP27 était 25% plus élevé par rapport à la COP26. Ainsi, 636 personnes sont venues défendre les intérêts privés d’entreprises spécialisées dans le charbon, le pétrole et le gaz;
  • Plus de 400 jets privés se sont rendus à la COP27. Pourtant, un jet privé aggrave l’empreinte carbone individuelle, comme nous le détaillons dans l’article lié à la pollution des jets privés ;
  • Enfin, c’est avec stupéfaction que le public a pu découvrir que l’entreprise Coca-Cola a été désignée comme sponsor officiel de la COP27. Coca-Cola est l'entreprise la plus polluante en plastique au monde, selon le dernier rapport de l'ONG Break Free From Plastic, publié le 15 novembre 2022.

Les attentes individuelles vis-à-vis de l'action diplomatique sont élevées. Mais il est difficile d'envisager de grands changements tant qu'ils ne s'opèrent pas au niveau individuel. Ce sont d'abord nos modes de vie qui doivent changer radicalement : une mutation des habitudes et des pratiques de consommation, de circulation ou de notre hyperconnexion énergivore sera à coup sûr nécessaire.

Lorsque ces changements nécessaires se produisent, le monde de la diplomatie n'a que deux options : changer de paradigme ou devenir dystopique.