Pollution de l’air aux particules fines : un mal invisible en France

La France est impliquée dans deux procédures pour non-respect des limites de pollution de l'air en vigueur dans l'Union européenne. Pourtant, selon l’OMS, la pollution de l’air est le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. Toutefois, la réglementation en France se fait encore timide. Alors quels sont les enjeux et solutions face à la pollution de l'air en France ?

Quelles sont les particules fines ?

Les particules fines sont des particules en suspension transportées par l’atmosphère terrestre. Dans le cadre de la pollution de l’air aux particules fines, plusieurs catégories sont identifiables.

Définition et composition

Les particules fines sont des particules classées selon leur diamètre et se composent d’éléments chimiques tels que des sels, du carbone suie, des composés carbonés… Certaines sont d’origine anthropique ou naturelle. Les particules fines sont classées selon leur diamètre :

• Les particules ultrafines inférieures à 0,1 micron (μm) notées PM0,1 ;
• Les particules très fines inférieures à 1 micron (μm) notées PM1,0 ;
• Les particules fines inférieures à 2.5 microns (μm) notées PM2,5 ;
• Les particules grossières inférieures à 10 microns (μm) notées PM10.

Par leur masse, les particules fines sont des particules en suspension dans l’air, transportées par le vent, l’eau et se déposent ou pénètrent dans tous lieux et tous organismes.

Comment dégradent-elles la qualité de l’air ? Les particules en suspension dans l'air, en particulier les nitrates et le carbone, sont l'un des polluants atmosphériques les plus préoccupants en raison de leur taille microscopique et peuvent flotter dans l'air et pénétrer profondément dans les poumons, affectant la qualité de l'air.

Quelle est l’origine des particules fines ?

L’origine des particules fines se retrouve n’importe où, mais la ou le danger augmente et dans les espaces confinés. Avec la sédentarisation de nos modes de vie, nous passons beaucoup plus de temps dans des espaces confinés et sommes plus exposés à la pollution aux particules fines. Cette pollution émane de nombreuses sources telles que les matériaux de construction (meubles, peintures, isolation) qui composent nos lieux de vie, les produits d’entretien, les moteurs thermiques, ou encore les activités industrielles lorsqu’il y a combustion…

Par conséquent, la France doit sortir de la dépendance aux énergies fossiles et accélérer sa transition énergétique en développant l'accès aux énergies renouvelables. Les particules fines se caractérisent de deux manières différentes, comme présentées ci-dessous dans le tableau :

Parmi ces pollutions, réglementées et surveillées, d’autres ne figurent pas dans la liste telles que :

• La pollution aux particules ultrafines ;
• Les pesticides ;
• Le carbone suie ;
• La pollution issue de la décomposition d’algue.

Quelle est la cause de la pollution de l’air ? La pollution de l'air provient de nombreuses sources, pas seulement des particules. Le gouvernement français recense 12 sources de pollution de l'air et surveille les taux de concentration de ces 12 sources.

Les particules émises par l'usure des pneus, le contact de la roue chaussée et même les systèmes de freinage sont "largement prédominantes" par rapport aux particules émises par l'échappement, a déclaré l'Ademe. Selon le Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne, ils représentent aujourd'hui plus de la moitié des particules générées par le trafic routier en Europe. Sans nouvelle réglementation, cette tendance risque de s'aggraver considérablement.

Les voitures électriques émettent-elles des émissions de particules fines ? L'empreinte écologique en phase production n'est pas sans conséquence, mais les dimensions des pneus et des batteries sont également plus importantes que les voitures thermiques. Bien qu’une fois en service, les voitures électriques n’émettent pas de gaz à effet de serre mais émettent une quantité de particules fines et plus particulièrement PM10 et de PM2,5 à cause du frottement des pneus sur la chaussée.

Quelles sont les 4 conséquences de la pollution de l’air ?

La pollution de l'air a divers effets sur les personnes et l'environnement. Les effets à court terme sont plus faciles à observer que les effets à long terme. De nombreux risques peuvent être attribués à la pollution de l'air sans pour autant identifier son implication exacte. La pollution de l’air est « un danger aux nombreuses inconnues » d’après le sénat. Son problème a fait l'objet d'une moindre préoccupation par le conseil de défense écologique en France. 

Le problème de la pollution de l'air est reconnu comme une préoccupation majeure de santé publique depuis de nombreuses années.

Des particules fines retrouvées dans le corps d’un fœtus d'après une récente étude La revue scientifique The Lancet Planetary Health révèle en 2022 que les nouveau-nés sont également impactés par la pollution de l’air. Les particules noires de carbone majoritairement issues de moteurs à combustion sont respirées par la mère à travers les voies respiratoires puis traversent le placenta avant d’atteindre le bébé.

Rapport Santé Publique France, 2021

Situation de la pollution de l'air en France

En 2020, d’après des données du gouvernement, la France figure parmi les mauvaises élèves quant à la pollution de l’air avec des seuils dépassés pour 3 polluants répertoriés. En 2021 en France, ce sont pas moins de 27 agglomérations qui dépassent les seuils réglementaires :

• Seuil réglementaire non respecté pour les particules fines grossières pour la Guadeloupe, la Martinique et Mayotte ;
• Seuil réglementaire non respecté pour le Monoxyde de Carbone dans 19 agglomérations ;
• Seuil réglementaire non respecté pour la pollution au Nickel dans les Hauts de France ;
• Seuil réglementaire non respecté pour la pollution au Dioxyde d’azote en Normandie et Île-de-France, Occitanie, Provence-Alpes, Côte d’Azur et région Auvergne, Rhône-Alpes.

Selon le rapport Qualité air extérieur en France (2021), les grandes villes sont particulièrement touchées par la pollution de l’air avec Paris en première position, Lyon et enfin Marseille qui affichent des dépassements systématiques. De manière générale, les épisodes de pollution touchant la France sont exclusivement dus aux particules grossières inférieures à 10µm et à l’Ozone (O3).

Le saviez-vous ? La pollution de l’air est soumise à la saisonnalité. Durant l’hiver, de nombreuses émissions de particules grossières (PM10) sont émises à cause du chauffage résidentiel. Durant l’été, l’Ozone se concentre beaucoup dans l'atmosphère à cause des épisodes caniculaires et d’ensoleillement prolongé.

Pollution de l’air : la France en contentieux

Le 12 juillet 2017, le Conseil d’État a ordonné à la France de prendre ses dispositions pour respecter les règles fixées par la directive européenne en matière de pollution de l’air. Quelques années plus tard, le Conseil d’État, qui est la plus haute juridiction administrative en France, constatant que les mesures étaient insuffisantes, a alors obligé le gouvernement à mettre en place des actions concrètes, sous peine d’une astreinte de 10 millions d’euros, par semestre de retard.

Malheureusement, au 4 août 2021, le seuil n'était pas encore atteint et la France a dû payer une première amende de 10 millions d'euros au premier semestre. Après examen des nouveaux éléments, le Conseil d'Etat a de nouveau condamné la France à verser 10 millions d'euros au second semestre 2021. De ce point de vue, la France peut être considérée comme un retardataire dans la transition énergétique à moins que les usagers et le gouvernement ne prennent les mesures nécessaires pour sortir de la dépendance automobile.

À ce jour, le gouvernement français a été condamné à verser 20 millions d’euros pour n'avoir toujours pas respecté les limites fixées par l’Union européenne. Les amendes ont été partagées entre l'Association des Amis de la Terre et plusieurs organisations et associations impliquées dans la lutte contre la pollution de l'air.

L’État prendra-t-il des mesures pour lutter de manière proactive contre la pollution de l'air en 2023 ?

Pollution de l’air : le cas de la Bretagne

La Bretagne, zone préservée de pollution de l'air, avait un autre problème largement méconnu jusque dans les années 2000 : celle des algues vertes. Apparu depuis les années 1970, le problème n’avait pas été pris en considération à sa juste valeur. Au fil des années, les algues vertes ont proliféré sur les côtes bretonnes jusqu’à devenir dangereuses.

Pourquoi les algues vertes sont-elles dangereuses ? En se décomposant, les algues libèrent des gaz toxiques. C'est du sulfure d'hydrogène. Au-delà de l'inconfort olfactif et visuel, le gaz peut être mortel pour l'Homme après quelques minutes d'inhalation. Depuis 1989, la côte bretonne fait état de plusieurs décès qui partagent le même point commun : fréquenter des plages jonchées d'algues vertes.

La prolifération des algues vertes peut s’expliquer en partie par l’utilisation d’engrais chimiques pour l’agriculture qui viennent alors saturer les cours d’eau en phosphore, azotes issus des nitrates et modifient la composition chimique de la faune et la flore.

Les associations écologistes souhaitent que l’État prenne des mesures pour stopper l’agrandissement des exploitations agricoles, trop dépendantes aux engrais chimique et détruisant les cours d’eau en Bretagne. En effet, le bilan carbone de l'agriculture se détériore au fil des années.

Comment lutter contre la pollution de l'air aux particules fines ?

Dans la lutte contre la pollution de l'air, les Hommes qui ont créé ce problème sont également au cœur de la solution. Plusieurs solutions existent que ce soit au niveau individuel ou collectif pour pallier le problème et accélérer le développement durable en France. Nous vous présentons quelques idées ci-dessous :