Bilan carbone du numérique : impacts, conséquences et solutions

De nos jours, le bilan carbone du numérique engendre plus d'émissions de gaz à effet de serre (GES) que le secteur de l’aérien. Découvrez dans cet article comment les nouvelles technologies s'infiltrent dans notre quotidien et impactent l'environnement, et comment réaliser un bilan carbone appliqué aux entreprises du secteur du numérique. Périmètres d'étude, calcul et solutions. Découvrez comment réduire l'impact environnemental d'une entreprise du numérique.
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Quelle est la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre ?
Pour visualiser l'impact carbone d'un secteur d'activité, on peut l'observer d'une vision macroéconomique grâce au bilan carbone, mais également avec une vision plus microéconomique, c'est-à-dire en analysant l'empreinte carbone d'un produit numérique grâce à une analyse du cycle de vie.
Approche Bilan carbone
Le Bilan Carbone® est une méthode développée par l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) pour calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'une personne physique ou morale. Cette méthodologie prend en compte les scopes 1, 2 et 3 dans le bilan GES des entreprises. Le secteur du numérique est en pleine expansion par rapport aux années précédentes.
Entre 2013 et 2025, la part des émissions mondiales de gaz à effet de serre liée au numérique augmentera de 6 % par an, menaçant les objectifs nationaux de la Stratégie Nationale Bas Carbone. Ce secteur est par ailleurs devenu une menace pour le monde quant au respect de l'Accord de Paris, de contenir le réchauffement à + 1,5 degré d'ici 2050.
D’après le rapport “La face cachée du numérique” de l’ADEME en 2018, les émissions de gaz à effet de serre liées au secteur du numérique se répartissent comme suit :
De nos jours, la part du numérique représente entre 2.5% et 4% des émissions totales de la France, soit autant que le secteur de l’aviation (Source : Carbone 4, 2022). Si on parle en consommation, c'est-à-dire, un an d’utilisation de biens et services numériques, cela représente 10% de l’électricité consommée en France par an. Si 70% de l'énergie électrique de la France est produite par le nucléaire, donc avec un impact faible, ce n'est pas le cas dans le reste du monde.
La tendance doit alors être à une sobriété des usages, que ce soit dans notre manière de consommer ou dans la façon de gouverner une entreprise. Mais par où commencer ?
Qu'est-ce qu'un bilan carbone dans le secteur du numérique ?
La réalisation d'un bilan carbone dans le secteur du numérique correspond à la prise en compte de l'impact de toutes les technologies du secteur du numérique, de l'information et de la communication (TNIC). Le bilan carbone du numérique se compose à la fois de produits ou de services tangibles et intangibles, ce qui complexifie la mesure de son impact. Par exemple, au niveau de l'entreprise, nous retrouvons :
Des produits matériels permettent des opérations sur ces appareils, tels que :
- Les équipements télécoms ;
- Les équipements informatiques.
Des services dématérialisés permettent des opérations sur ces appareils, tels que :
- Les logiciels embarqués ;
- Les centres de données, aussi appelés "Data Center" ;
- Les réseaux de communication.
Calcul du bilan carbone d'une entreprise du numérique
Le calcul du bilan consiste à traiter des données internes et externes à l'entreprise puis à les transformer en quantité d'émissions de CO2. Pour ce faire, vous devez définir les principaux postes d'émissions de gaz à effet de serre répartis dans le périmètre opérationnel et organisationnel de l'entreprise. Le périmètre opérationnel réprésente les émissions contrôlées directement ou indirectement par l'entreprise. Le prérimètre organisationnel.
Quels sont les scopes 1, 2 et 3 ?
Le bilan carbone du numérique se répartit dans les scopes 1,2 et 3. Le scope 3 étant un périmètre non négligeable augmentant significativement le bilan des émissions GES.
Scope | Type d’émissions |
---|---|
1 « Les émissions directes » | Ces émissions peuvent provenir de la combustion de combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon, tourbe, etc.). Par exemple, dans le numérique, ce sont les énergies fossiles utilisées pour concevoir les terminaux, les data centers, les outils numériques... |
2 « Les émissions indirectes » | Ces émissions sont induites par la consommation d’électricité, de vapeur, de froid ou de chaleur via des réseaux de distribution… Par exemple, dans le secteur du numérique, c'est l’électricité consommée pour faire fonctionner les appareils numériques. |
3 « Les émissions indirectes » | Ces émissions concernent l’utilisation des produits, la production de matières premières nécessaires à la fabrication des produits ou services, le bilan carbone du transport des marchandises en amont/aval et les déchets directs. |
Exemple de la répartission des émissions de gaz à effet de serre
Le scope 1 représente les émissions directes produites par l'entreprise, le scope 2 correspond aux émissions indirectes liées à l'énergie, mais qui ne se produisent pas directement sur le site de l'entreprise.
Scopes 1 et 2
Catégorie | Postes d’émissions | Données | Source |
Scope 1 | Émissions directes des sources fixes de combustion | Données annuelles de consommation par type de combustible | Service comptabilité (facturation énergétique) |
Émissions directes des sources mobiles à moteur thermique | Selon la flotte de véhicule possédée par l’entreprise | ||
Émissions directes de fugitives | Fonctionnement de centres de données qui sont tempérés en permanence par des systèmes de refroidissement | ||
Scope 2 | Émissions indirectes liées à la consommation de vapeur, chaleur ou froid | Données de consommation des réseaux de chaleur/froid des établissements contrôlés par l’organisation | Service comptabilité (facturation énergétique) Pour les équipements, prendre les facteurs d'émissions du réseau électrique de la France de la Base Carbone® |
Émissions indirectes liées à la consommation d’électricité | Consommation d'électricité utilisée par toutes les infrastructures informatiques et le refroidissement des data centers mais aussi les équipements informatiques des employés |
Scope 3
Les émissions du scope 3 sont toutes les émissions non incluses dans le scope 1 et 2. C’est le périmètre d’émissions le plus complexe à appréhender puisqu'il concerne une multitude d’acteurs et de structures économiques.
Catégorie | Postes d’émissions | Données | Source |
Scope 3 | Émissions liées à l’énergie non incluses dans les postes | Englobe les émissions associées à l’extraction, au transport, au raffinage/traitement et à la distribution de combustible pour fabriquer le produit (téléphone, ordinateur, etc) ou service (logiciel). | Service ressources humaines Services informatiques (DSI) Service logistique Service comptabilité Service achats Enquêtes internes et externes Analyse des contrats avec les fournisseurs Données liées au recyclage des déchets en entreprise |
Achats de produits ou services vendus | Recenser le parc matériel informatique ainsi que les services associés auprès de la DSI d'une entreprise | ||
Fin de vie de produits vendus | Quantité et scenarii concernant la fin de vie des produits vendus | ||
Utilisation des produits vendus | Durée de vie, scenarii quant à l’utilisation des produits vendus | ||
Immobilisation de biens | Quantités et types de matériels détenus par l'établissement | ||
Déchets | Le traitement des déchets "DEEE" génère des impacts | ||
Transport de marchandises amont | Quantité de carburant consommé par les véhicules contrôlés par l'établissement, par type de carburant | ||
Déplacements professionnels | Distances parcourues par les collaborateurs IT pour mettre en place, maintenir, assurer le maintien des équipements IT, par type de transport | ||
Déplacements des visiteurs et clients | Distances des patients et visiteurs par type de transport | ||
Franchise aval | Nombre de franchises, taille, localisation, type de produits vendus, accessibilité… | ||
Leasing aval | Quantité d'équipements IT, d'infrastructures et centres de données loués, l'âge, le temps d’utilisation et la technologie utilisée… | ||
Transport de marchandises aval | Livraison en provenance des fournisseurs IT dont le coût n'est pas supporté par l'entreprise réalisatrice du bilan carbone | ||
Investissement | Émissions directes et indirectes liées à l'énergie consommée par les tiers, au prorata des capitaux propres qu'ils détiennent dans l’entreprise | ||
Déplacements domicile travail | Par exemple, % des collaborateurs effectuant du télétravail et nombre de déplacement par semaine en fonction des mobilités |
Qu'est-ce qui pollue le plus dans le numérique ?
Pour le comprendre, posons-nous la question de savoir quelle empreinte carbone détient nos appareils numériques ? Est-ce en phase de fabrication ou d’utilisation que l'impact est important ? D’après une nouvelle étude, menée par l’Ademe et l’Arcep en 2022, l’empreinte carbone du numérique se répartit comme suit :
- La fabrication des appareils numériques représente jusqu'à 80% de l’empreinte carbone de l’appareil en raison de l’extraction des matières premières et de l’énergie utilisée pour fabriquer le produit ;
- L’utilisation représente dans une moindre mesure 20% de l’empreinte carbone du numérique (en raison de la consommation d’électricité).
Vous l’aurez compris, la fabrication d’un smartphone coûte cher à l’environnement. Laurie Marraud, chercheuse et membre de The Shift Project a affirmé quant à elle lors d'une conférence :
Tout se passe ailleurs. 95% de l’empreinte carbone du numérique provient de la production du matériel : ordinateurs, téléphones, serveurs, antennes…
Quant à l'utilisation des outils numérique, The Shift Project, précise dans son rapport “Impact environnemental du numérique : tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G” que :
Les progrès technologiques sur l’efficacité énergétique n’ont jamais conduit à compenser l’augmentation des usages. Le constat est donc indéniable : l’impact du numérique ne fera qu’augmenter si nous ne nous donnons pas les moyens de le piloter.
La pollution numérique est un mal propre au XXIᵉ siècle, invisible et silencieuse.
Quelle est l'empreinte carbone du numérique ?
Mais quelles sont les étapes impactant fortement le bilan carbone du numérique ? Pour cela, analysons l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) d’un appareil numérique. Pour y voir plus clair, analysons les étapes essentielles qui servent à fabriquer nos produits en analysant le cycle de vie d’un smartphone.
Analyse du cycle de vie d’un smartphone classique
Le smartphone s’est infiltré dans nos vies rapidement. Nous l’utilisons quotidiennement sans pour autant nous questionner sur son impact. Cependant, de la fabrication à l'utilisation, les smartphones ont un impact significatif sur l'environnement. Pour vous aider à y voir plus clair, voici les étapes principales qu’un smartphone subi avant d’être vendu.
Étapes | Impacts |
---|---|
Fabrication | Les smartphones possèdent 55 métaux différents et l'extraction se fait dans des pays lointains (les entreprises ont tendance à défendre la responsabilité sociale et environnementale, mais les chaînes d'approvisionnement sont trop vastes pour bien les contrôler). Pour séparer la roche du minerai, l’acide sulfurique est utilisé, et à la fin du processus, les eaux polluées sont rejetées en nature. Et, l'extraction, l'utilisation d'énergie (pour extraire les métaux), le transport et l'énergie utilisés pour la fabrication du produit et les déchets générés noircissent le tableau. |
Distribution | Le produit est conçu loin d'un pays d'utilisation pour maintenir des marges bénéficiaires élevées et les marchandises sont transportées sur des milliers de kilomètres pour revenir dans le pays d'utilisation, ce qui aggrave le bilan carbone lié aux transports des marchandises. |
Utilisation | Le produit utilisé par le consommateur détiendra ensuite un impact de moindre mesure. Toutefois, avec les usages actuels, les émissions liées à l’utilisation tendent à s’accroître. |
Fin de vie | Le smartphone contient du plastique, du verre et des métaux. Néanmoins, une faible part reste aujourd'hui recyclée et l’écoconception reste limitée en France d’après une note du Sénat en 2016. L'innovation est fréquemment axée sur de nouveaux produits plutôt que sur l'extension de la durée de vie (réparabilité des produits). Enfin, le fait que le téléphone portable soit de plus en plus sophistiqué fait qu'il devient trop complexes pour le réparer (nanotechnologie). |
Solutions pour réduire l'impact environnemental
L'élaboration du bilan carbone comprend systématiquement un plan d'actions visant à réduire les émissions émises par l’entreprise. Certains postes d'émission peuvent être réduits très rapidement.
Actions de réduction à mener pour le périmètre organisationnel
Dans ce qui suit, nous aborderons certaines solutions liées au périmètre organisationnel de l'entreprise, c'est-à-dire sous son contrôle direct.
Postes d’émissions | Exemples |
---|---|
Phase de fabrication et transport des équipements IT | Prolonger la durée de vie des équipements et réduire les besoins informatiques. |
Émissions indirectes liées à la consommation d’électricité | Éteindre voire supprimer les serveurs inutiles et mettre en veille les serveurs inactifs, réaliser un inventaire d'éléments matériels pour mieux suivre son parc matériel informatique. |
Trajets des collaborateurs | Mettre en place un plan de mobilité au sein de l’entreprise pour favoriser l’adoption de mobilités douces et assurer une communication responsable à ce sujet en entreprise. |
Actions de réduction à mener pour le périmètre opérationnel
Dans ce qui suit, nous aborderons certaines solutions liées au périmètre opérationnel de l'entreprise, autrement dit sous son contrôle indirect.
Postes d’émissions | Exemples |
---|---|
Utilisation du produit | Sensibiliser le consommateur à l’usage et à la fin de vie d’un produit. Inciter les consommateurs à réparer plutôt qu'acheter et les pousser à calculer leur empreinte carbone individuelle pour qu'ils découvrent leur impact et modifient leurs usages (sobriété). |
Fin de vie des produits vendus | Privilégiez la reprise des appareils numériques par un éco-organisme certifié qui favorise le reconditionnement des équipements plutôt que leur recyclage. |
Achats de produits ou services | Choisir des produits éco-conçus, avec une garantie plus élevée et recyclable. |
Compenser les émissions GES dites « incompressibles »
La compensation carbone est le fait d’atteindre un point équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre émises et les quantités absorbées par les puits de carbone dans le monde (océan, forêt, sols...).

Pour les entreprises souhaitant aller plus loin après réalisation de leur bilan carbone et mise en œuvre un plan d'action de réduction de leurs émissions de GES, il est possible d'agir sur leurs émissions dites incompressibles en se lançant dans la compensation carbone.
Elles peuvent avoir le choix de :
- Investir dans les projets d’énergies renouvelables avec notre portefeuille de projets ;
- Investir dans des projets forestiers qui favorisent la séquestration et le stockage du carbone ;
- Investir pour des projets liés à l’utilisation rationnelle de l’énergie (nouvelles technologies, amélioration de procédés…).
La compensation carbone doit intervenir en dernier lieu ! La compensation carbone d'une entreprise ne doit pas remplacer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Rien n'est aussi efficace que la réalisation d'un bilan carbone, et une entreprise ne peut prétendre être durable si sa stratégie repose uniquement sur la compensation carbone.
Quelles entreprises doivent réaliser un bilan carbone ?
Les entreprises du secteur du numérique sont parfois soumises à l'exercice de la comptabilité carbone sous certaines conditions. En effet, la réglementation française pour les entreprises implantées dans le pays a évolué et impose désormais la réalisation du bilan carbone, sous certaines modalités.
Cadre juridique | Périmètres | Organisations concernées |
---|---|---|
Article L229-25 du Code de l’Environnement | Scopes 1 et 2 | Personnes morales de droit privé employant plus de 500 personnes et détenant un siège social ou disposant de plusieurs établissements en France ; Personnes morales de droit privé employant plus de 250 personnes dans les DOM-TOM ; Collectivités de plus de 50 000 habitants et les personnes morales de droit public employant plus de 250 personnes. |
Article R229-47 du Code de l'Environnement | Scope 1, 2 et 3 | Sociétés soumises à Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF). |
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Les organisations émettent des gaz à effet de serre tout au long de leur existence. Ces émissions sont plus ou moins importantes selon le domaine d'activité, l'investissement, la gouvernance de l'entreprise... Ces impacts environnementaux peuvent et doivent être réduits par de nombreuses mesures.
Ils nous ont fait confiance
Pour aider les entreprises à devenir écoresponsables, le service Climate Consulting de Selectra, accompagne les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre à vos besoins, nous mettons en œuvre 3 étapes clés du processus de comptabilisation du carbone, qui sont les suivantes :
- Calcul du bilan carbone de votre société en étudiant en fonction de vos besoins les scopes 1, 2 et 3 ;
- Mise en œuvre d'un plan d'actions visant à réduire l'impact de votre entreprise sur l'environnement et assurer un suivi ;
- Enfin, compensez ce qu'on appelle vos émissions de gaz à effet de serre incompressibles en investissant dans des projets environnementaux certifiés.
Selectra vous aide à réaliser et à réduire le bilan carbone de votre entrepriseContactez notre pôle Selectra Climate Consulting ou envoyez un email à l'adresse suivante : [email protected].
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