Dette climatique : le passif écologique des pays riches
La dette climatique est un enjeu politique de plus en plus important à mesure que les pays riches accumulent des richesses, bien souvent au détriment des ressources naturelles. Un fossé se creuse entre ceux qui doivent financer la dette financière pour absorber la dette écologique accumulée depuis de nombreuses années. Qu’est-ce que la dette climatique ? Quels sont son montant et ses enjeux ?
Qu'est-ce que la dette climatique ?
Les scientifiques s'accordent à dire que la moitié des pays menacés par les impacts du changement climatique sont des pays sous-développés ou en développement. D'une part, ils contribuent peu à cet impact du changement climatique et d’une autre part, ils en subissent les causes.
Le terme de dette climatique a donc été développé dans les années 1990. À cette époque, les pays dits en développement ou pauvres observaient simultanément une dégradation de l'environnement par les pays riches corrélés aux effets néfastes du changement climatique. La dette climatique se définit comme :
Une expression qui mobilise les idées d’un dommage écologique subi involontairement, d’un prélèvement non payé sur des ressources écologiques ou d’un emprunt sur un capital écologique.Dès lors, la notion prend tout son sens lorsque des pays, mais aussi des entreprises basées dans des pays riches, dégradent ou privent les autres pays de ressources naturelles et entraînant les conséquences du réchauffement climatique. Ces derniers sont responsables et doivent rendre compte la compensation, mais aussi de la contribution au développement durable.
Dette climatique et dette écologique : quelle différence ? Dans les années 1990, certains voulaient poser une équivalence entre la dette financière souveraine accumulée par des pays en développement, particulièrement dans les pays en développement comme en Amérique latine, et la « dette écologique » accumulée par les pays développés : ces derniers seraient invités à effacer la première et d’honorer la seconde d'après Cairn.
Pourquoi la dette climatique ? Quelles sont les conséquences ?
Aujourd'hui, les pays et les entreprises assument la responsabilité du changement climatique.
Cause | Effet |
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La surexploitation des ressources est l'exploitation des ressources sans estimer la biocapacité de la terre. De plus, le prix de marché n’a jamais incorporé les externalités négatives engendrées par ces exploitations. | La surexploitation des ressources entraîne l’érosion de la biodiversité, la dégradation des sols et de la santé de l’Homme, la disparition des puits de carbone... De ce fait, le jour du dépassement ne cesse de raccourcir dans tous les pays, signifiant que nous épuisons toutes les capacités naturelles que la terre offre et que nous vivons ensuite à “crédit”. |
Le pillage des ressources naturelles, voire le gaspillage par certaines multinationales, alors que l'idée de bien commun doit être respectée, des ressources de base telles que l'air, l'eau et le sol, ont été polluées et gravement endommagées. | Le pillage des ressources par certaines entreprises menace la souveraineté, la sécurité alimentaire et la géopolitique de certains pays. Le pillage se poursuit depuis l'aube du colonialisme, et maintenant le capitalisme cherche des monopoles bon marché pour les produits de base, comme l'exploitation minière en Afrique. |
L’appropriation d’un espace naturel et l’expropriation d’autrui afin que des multinationales mènent des projets sur des espaces naturelles en dehors de leur pays d’origine. Bien qu’elles y soient autorisées, elles s’approprient les terres d’habitants et exproprient les locaux pour mener à bien leur projet. | En exproprient les locaux pour mener à bien leur projet, causant un double trouble : écologique et social. Les droits à polluer ne devrait-il pas être décidés conjointement avec les habitants d’un espace ? De plus, lorsque des organisations s’approprient des espaces naturelles, sans reconnaître une forme de pillage, mais participe à la disparition de savoirs ancestraux. |
L’exportation de déchets ou mouvement de déchets transfrontalier, vers des zones inhabitées et pays pauvres, est encadrée par la convention de Bâle dans les années 1992. | Les pays développés exportent depuis longtemps des déchets industriels et domestiques vers les pays pauvres alors même qu’ils développent des solutions quant à l’économie circulaire, ce qui semble surprenant compte tenu des options de recyclage limitées disponibles dans ces pays. Récemment, des pays comme la Chine et l'Indonésie ont refusé de se débarrasser des conteneurs de déchets des pays riches. D’autres déchets plus risqués tels que les déchets nucléaires sont déchargés dans les océans. |
La biopiraterie est l'appropriation de connaissances, savoirs et ressources génétiques d’indigènes ou individus par des organisations qui cherchent à obtenir un monopole grâce aux brevets ou à la propriété intellectuelle. | Reconnue comme l’appropriation ou le vol de pratiques ancestrales des communautés autochtones par des entreprises. Ce concept a été vulgarisé en partie par la militante Vandana Shiva qui défendait l'indépendance de techniques agricoles plus respectueuse des peuples autochtones. |
Quels sont les pays concernés par la dette climatique ?
Les pays concernés par la dette climatique sont, de manière générale, ceux qui ont grandement participé aux conséquences du dérèglement climatique. Les principaux responsables du réchauffement climatique en 2020 sont les suivants :
Pays | Poids dans les répercussions du changement climatique |
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1. États-Unis | Les États-Unis ont émis 509 Gt CO2 depuis 1850 et sont responsables de plus de 25% des effets du réchauffement climatique et de l’effet de serre. |
2. Chine | La Chine est impliquée dans le changement climatique depuis quelques années, mais au rythme qu'elle maintient, ses progrès devraient rattraper les États-Unis dans quelques années. |
3. Russie | La Russie a ratifié l’Accord de Paris de la COP15 toutefois son économie s’appuie encore trop sur les énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables se fait timide. |
4. Brésil | Grâce à l'Amazonie, le Brésil a la possibilité de stocker de grandes quantités de réserves de carbone. Cependant, ses réserves de biomasses forestières sont largement compromises à cause de la déforestation aggravant les conséquences du réchauffement climatique. |
5. Union Européenne | Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France sont des pays ayant largement contribué aux effets du dérèglement climatique. Les pays d’Europe aux économies développés ont un rôle à jouer dans l’épuisement des ressources, notamment à travers leurs émissions importées (l’empreinte écologique des européens est très élevée). |
Quel rôle la justice climatique peut-elle jouer et quel est le montant de la dette climatique ?
Le montant de la dette climatique devait être transféré à partir de 2020 afin de financer la transition énergétique (par ex ; pour sortir de la dépendance au charbon), mais aussi d’aider les pays dans le besoin à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Alors où en sont les pays dans le règlement de la dette climatique ?
Ainsi, depuis l'Accord de Paris, les pays développés se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, encourageant les pays en développement à prendre des mesures pour s'adapter et atténuer les impacts du changement climatique. En revanche, depuis 2020 seulement 83.3 milliards de dollars ont été mobilisés pour aider les pays vulnérables et les financements concernent majoritairement des projets d’atténuation.
Après la COP27, plusieurs innovations étaient à l'ordre du jour pour accélérer le financement de la dette environnementale (afin de dépasser les 100 milliards promis) et de développer une économie collaborative, notamment :
- Création d’un nouveau fonds monétaire lié aux dommages et pertes pour les pays les plus vulnérables au changement climatique ;
- Accroître les financements, notamment ceux au titre de l'adaptation, avec un intérêt pour l'agriculture (pour faire face à l'insécurité alimentaire, la désertification en développant l’alimentation durable) ;
- Financer par le biais du marché du carbone la dette climatique, bien que le levier financier le plus puissant serait la création d’une taxation des énergies fossiles, ou mieux des émissions de CO2 émises par les pays avec un pouvoir plus coercitif.